Le Caucase

Un avocat militant des droits de l’homme agressé au Daguestan

Brève. L’avocat Murad Magomedov, qui coopère avec l’ONG russe de défense des droits de l’homme Memorial, s’est fait rouer de coups mercredi 4 février à Makhachkala, au Daguestan, non loin de la Cour suprême, alors qu’il plaidait un peu plus tôt dans la journée. Parmi ses clients, il représente notamment les victimes de l’ « opération spéciale » menée par la police et l’armée dans le village de Vremenny en septembre 2014. Les autorités avaient alors enjoint aux habitants de se soumettre à une inspection de police, au cours de laquelle les forces de l’ordre ont copié leurs papiers d’identité, pris des photos et relevé leurs empreintes digitales ; elles ont également procédé à des arrestations arbitraires. Au cours de cette « opération spéciale », les journalistes, défenseurs des droits de l’homme et autres observateurs indépendants, n’ont pas été autorisés à pénétrer dans l’enceinte du village, et n’ont pu relater les exactions et agissements des forces de l’ordre.

Agressé, donc, et violemment frappé, Murad Magomedov a été conduit à l’hôpital ; il souffrait de contusions et de multiples fractures à la mâchoire. Il n’est pour l’instant pas disponible pour répondre aux questions des enquêteurs, en raison de son état de santé, la police a-t-elle indiqué. Si les cinq agresseurs n’ont pas été identifié, l’activisme pro-droits de l’homme de Magomedov semble directement en cause ; ce dernier avait reçu des menaces à ce titre, tout comme l’ONG Memorial, très active dans le Caucase, victime de nombreuses tentatives de dissolution et de diffamations en tout genre. L’une, notamment, de la part de la chaine russe NTV, propriété du géant Gazprom, selon laquelle l’organisation soutiendrait en réalité les radicaux et autres opposants à la Russie. Le 10 octobre 2014, elle rendait un rapport accusant Memorial de venir en aide à des groupes terroristes ; le ministère de la Justice a demandé à la Cour suprême de dissoudre l’ONG, toujours selon le rapport. Les droits de l’homme sont, il est vrai, un sujet délicat en Russie.