Le Caucase

Un déplacement aux airs de provocation de la part de Moscou en Abkhazie

Brève. Vladislav Surkov, l’homme à penser du Kremlin, souffle sur des braises encore brûlantes en Géorgie. Lors d’un déplacement à Soukhoumi, capitale de la région séparatiste de l’Abkhazie, le 16 février, ce dernier, proche de Vladimir Poutine, a rencontré le président abkhaze, Raul Khadjimba, et tenu plusieurs meetings lors desquels il s’est notamment exprimé sur le sort de la région indépendantiste. Celle-ci est menacée depuis plusieurs années de se voir annexer par Moscou, qui réitèrerait ainsi son entreprise en Crimée d’il y a un an. Le 24 novembre 2014, les présidents russe et abkhaze ont signé un accord qui a jeté les bases d’une disparition future des frontières entre leurs deux pays. Tandis que les autorités géorgiennes, quelques semaines avant, avaient mis en garde le Kremlin sur les effets désastreux que produirait la signature de l’accord – évoquant des « problèmes supplémentaires » pour la sécurité en Europe notamment –, Vladislav Surkov n’a pas manqué de raviver ce nœud de tensions.

Interrogé par des journalistes au sortir d’un meeting, il a ainsi délibérément remis au goût du jour l’accord en question, estimant que « la frontière doit, à terme, disparaître. Aucune frontière ne doit s’ériger entre nous, comme stipulé dans le nouvel accord entre la Russie et l’Abkhazie ». « Cet accord est un nouvel acte contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Géorgie et menace les capacités défensives de notre pays » a pour sa part estimé le président géorgien, Guiorgui Margvelachvili. Tbilissi se voit donc empêtrée dans une lutte, légitime selon elle, afin de conserver la main sur sa région, tout comme elle avait tenté, en 2008, de préserver le rattachement de l’Ossétie du sud à la Géorgie. A l’issue de la guerre qui s’en était suivie, Moscou en avait profité pour reconnaître l’indépendance de cette région, ainsi que celle de l’Abkhazie.