Depuis la fin du mois de Février, la banque centrale d’Azerbaïdjan a nettement dévalué sa monnaie. Une manière de juguler les effets néfastes de la chute du rouble mais également un levier visant à favoriser l’exportation de son pétrole et de son gaz vers la Turquie et l’Europe.
La monnaie locale du pays, le manat s’échange dorénavant à hauteur de 1,05 manat pour 1 dollar et 1,195 manat pour un euro. En y regardant de plus près, on s’aperçoit que ces nouveaux taux de change correspondent tout de même à une baisse de près de 35% de la valeur du manat face au dollar et à l’euro.
Le levier de la dévaluation est actionné ici dans un cadre classique de volonté de stimulation de l’activité économique et des exportations, en témoigne la déclaration de la banque centrale d’Azerbaïdjan qui entend ainsi « créer une incitation supplémentaire pour une diversification économique, un renforcement de la compétitivité et des exportations ».
Mais l’autre but recherché est également de tenter de maîtriser sinon de ralentir les effets néfastes qu’ont engendré la chute du rouble russe concomitante avec la nette baisse du prix du baril du pétrole russe.
Le risque pour le pays est de suivre la même pente négative que des nations telles que la Géorgie notamment qui ont souffert au point de vue économique de la situation en Russie. Le pays ayant enregistré une baisse de plus de 22% de la valeur de sa monnaie par rapport au dollar.
Le pétrole et le gaz au centre des débats
A travers cette dévaluation monétaire, l’Azerbaïdjan place son pétrole et son gaz au centre de sa nouvelle stratégie. Rappelons que le pétrole et le gaz représentent non moins de 95% des exportations totales du pays pour des recettes économiques nationales égales à quelque 70% du montant total.
Fin 2014 déjà, la banque centrale d’Azerbaïdjan avait déjà été contrainte de procéder à une mise sur le marché de 8% de ses réserves en devises dans le but de favoriser la bonne santé du manat.
Avec une telle dévaluation, les observateurs internationaux voient là une manière peu dissimulée de soutenir voire de doper ses exportations en gaz et en pétrole à destination de la Turquie et de l’Europe. Et de concurrencer l’approvisionnement de ces deux régions stratégiques en pétrole et gaz russe. La Russie rencontrant par ailleurs quelques difficultés à les alimenter de manière suffisante pour répondre à leurs besoins croissants.
Car l’Azerbaïdjan dispose aujourd’hui d’une place relativement importante dans la production pétrolière mondiale, s’affichant au 21ième rang sur la scène internationale. Pour une production quotidienne d’1 million de barils.
Plus encore, un important gisement de gaz situé en Mer Caspienne découvert en 1999 lui promet de détenir d’importantes réserves. Il s’agit du site de champ gazier Shah Deniz. Près de 10 millions de mètres cubes en sont extraits chaque jour, pour une quantité totale permettant d’approvisionner un pays comme la France pour une durée de 25 années. Un gaz qui est destiné à être livré tant à la Turquie – à l’horizon 2018 – qu’à l’Europe en 2019.
L’Azerbaïdjan détient même un vaste réseau de pipelines permettant l’acheminant du gaz et du pétrole vers l’Europe, sans nécessité un passage par la Russie. Une dévaluation monétaire stratégique à plus d’un titre donc.