Le Caucase

La Banque centrale d’Azerbaïdjan dévalue le manat

Brève. La Banque centrale d’Azerbaïdjan a décidé de dévaluer la monnaie nationale, le manat, de 34 % par rapport au dollar et de 33,8 % par rapport à l’euro, samedi 21 février. Le pays sud-caucasien rejoint ainsi les grandes puissances dans leur politique monétaire de crise ; les Etats-Unis, la Grande Bretagne et, depuis peu, la zone euro ont toutes eu recours à la planche à billets ces dernières années afin de sortir la tête de l’eau. Paradoxalement, bien qu’il use de cette arme défensive, l’Azerbaïdjan ne connait pas la crise – ou très incidemment. La décision de Bakou est motivée par la chute inexorable, depuis la fin de 2014, du prix du pétrole et, surtout, par l’effondrement relatif de l’économie du grand voisin russe. Tandis que l’exploitation des hydrocarbures – pétrole et gaz – de la mer Caspienne représente environ 60 % des recettes budgétaires, les autorités azéries avaient plutôt intérêt à réagir en faveur de l’exportation des ressources énergétiques du pays.

Jusqu’à présent, la Banque centrale intervenait régulièrement sur le marché des changes pour maintenir le manat à un taux relativement fort par rapport au dollar – en 2013, 1 manat équivalait à 1,27 dollar. Cette politique a d’ailleurs permis à l’Azerbaïdjan de se maintenir à flots tandis que d’autres Etats luttaient pour se sortir de la crise financière de 2008. Profitant de cours internationaux des hydrocarbures élevés, l’institution financière étatique a pu augmenter ses réserves – 13,4 milliards de dollars fin juillet 2013 – et limiter le rôle de financement de l’économie des banques azerbaïdjanaises, que la crise mondiale a affectée dans des proportions très limitées. Cette équation valait cependant tant que le prix des hydrocarbures restait stable ; aujourd’hui l’Azerbaïdjan cherche son second souffle. Son économie hors ressources énergétiques est encore trop peu développée, même si l’agriculture prend de plus en plus d’importance : la balance commerciale est encore trop dépendante des hydrocarbures – 95 % des exportations. En dévaluant le manat, la Banque centrale espère ainsi diversifier cette économie.