Le Caucase

Un Tchétchène reconnait avoir participé au meurtre de Boris Nemtsov

Brève. Dimanche 8 mars, devant un tribunal moscovite, un Russe d’origine tchétchène a reconnu avoir participé au meurtre de l’homme politique Boris Nemtsov, intervenu quelque dix jours plus tôt au pied du Kremlin. Zaour Dadaïev, qui comparaissait en compagnie de quatre autres prévenus, avait été arrêté la veille en Ingouchie, une république voisine de la Tchétchénie, également sous le giron de Moscou. La juge Natalia Mouchnikova, après la séance, a affirmé que « la participation de Dadaïev au meurtre a été confirmée par ses aveux » ; les quatre autres suspects – deux ont été arrêtés en Ingouchie, deux près de Moscou – « ont nié leur implication dans ce crime mais les enquêteurs ont les preuves de leur participation », selon un membre du tribunal. Une source policière a également mentionné l’implication d’un 6ème homme de main, qui se serait suicidé à l’aide d’une grenade tandis que les forces de l’ordre encerclaient sa maison à Grozny, la capitale tchétchène.

L’implication de cette minorité russe n’est pas sans soulever nombre de questions. Les services secrets russes ont annoncé être sur une double piste : celle d’islamistes, mécontents du soutien affiché par Nemtsov aux victimes des attentats de Paris ; celle de nationalistes russes, qui auraient reproché à ce dernier de critiquer le rôle de la Russie dans le conflit ukrainien. Une 3ème piste de réflexion, toutefois, se dessine : le tribunal a indiqué que les cinq suspects étaient soupçonnés au titre de l’article 105 alinéa 2 du code criminel russe, qui traite des assassinats commandités. Selon certaines conjectures, la responsabilité de l’assassinat pourrait incomber in fine au Kremlin, et ce pour deux raisons au moins. D’une part, la Tchétchénie est soupçonnée, depuis l’arrivée de Ramzan Kadyrov au pouvoir, de n’être qu’un pantin de Moscou, moyennant finances substantielles – la présence de Tchétchènes chez les prorusses en Ukraine suit ce raisonnement. D’autre part, quiconque s’oppose à Vladimir Poutine en Russie voit sa sûreté menacée. Et peut-être, maintenant, sa vie.