Le Caucase

Assassinat de Boris Nemtsov : Zaour Dadaïev aurait avoué sous la torture

Brève. Retournement de situation dans l’affaire Boris Nemtsov, cet opposant à Vladimir Poutine assassiné le 27 février dernier au pied du Kremlin, à Moscou. Le 8 mars, l’un des cinq suspects arrêtés et présentés devant un tribunal moscovite, avait avoué avoir participé au meurtre de l’homme politique. La juge Natalia Mouchnikova avait elle-même révélé les aveux de Zaour Dadaïev, un Russe d’origine tchétchène et ancien membre des forces de l’ordre, en estimant qu’ils étaient « solidement justifiés ». Pourtant, le 11 mars, Andreï Babouchkine, membre du Conseil consultatif pour les droits de l’homme auprès du Kremlin, a affirmé qu’ « il y a des raisons de croire que Zaour Dadaïev a avoué sous la torture » ; il aurait rencontré le prévenu incarcéré et constaté de nombreuses blessures sur son corps. Des aveux forcés, donc, dans le but de protéger l’un de ses amis et anciens collègues arrêté en même temps que lui.

Le comité d’enquête russe, chargé de l’affaire, a réagi à cette « intrusion inadmissible » et convoqué M. Babouchkine – et la journaliste Eva Merkatcheva qui l’accompagnait – pour interrogatoire. Une sortie médiatique qui met en lumière le rôle controversé de cette instance – créée en 2007 par Vladimir Poutine et détachée du parquet quatre ans plus tard – soumise à personne d’autre qu’au chef du Kremlin. Est-ce à dire que Moscou serait directement impliquée dans l’assassinat de l’opposant politique ? La question se devine sur toutes les lèvres, mais personne n’ose vraiment la poser à haute voix. En revanche, l’enrôlement d’hommes de main venus du Caucase du Nord – les quatre autres suspects en sont originaires – souligne la relation qu’entretiennent le Kremlin et les dirigeants de la province, notamment la Tchétchénie. Mercredi, en marge du retournement de situation dans l’affaire Nemtsov, un journal indépendant, Novaïa Gazeta, a affirmé que « des tueurs à gages en provenance de Tchétchénie » étaient en possession d’une liste de personnes russes à abattre.