Le Caucase

La Russie s’intéresse de près à l’annexion des deux régions séparatistes de Géorgie

La ministre des affaires étrangères de Géorgie s’inquiète de la volonté de Moscou d’annexer à terme l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Une annexion « rampante » faisant suite à un premier rapprochement stratégique qui dure depuis 2008.   

 

Après une session de discussions avancées entre Tamar Beruchashvili et les responsables de l’UE et de l’OTAN à Bruxelles il y a peu, la Ministre des Affaires Etrangères de Géorgie a fait part de sa plus vive inquiétude quant aux intentions de la Russie. Car selon elle, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud se rapprochent irrémédiablement d’une annexion en bonne et due forme de la part de Moscou.

 

C’est à la suite d’une nouvelle série de signatures d’accords entre la Russie et les deux régions séparatistes géorgiennes que Tamar Beruchashvili a fait une  déclaration, qualifiant « d’annexion rampante »  le processus engagé entre les trois parties. Pour la ministre, une telle situation est loin d’être anodine et fera peser à terme – si elle se confirme – un sérieux risque de déstabilisation politique de l’Europe au sens large : « Il s’agit d’une situation extrêmement dangereuse, et pas seulement pour la sécurité de la Géorgie, mais nous pensons que cela est très dangereux également pour la sécurité de l’Europe entière. En particulier si on considère la guerre en Ukraine. »

 

Tous les observateurs s’accordent à dire que ce qui se trame en arrière plan de ce qui semble être une annexion inéluctable fait partie d’un plan plus large pour la Russie. Celui d’imposer un peu plus encore son influence dans la région. La Ministre des Affaires Etrangères de Géorgie en veut notamment pour preuve la construction d’un camp militaire en Abkhazie et en Ossétie du Sud dans lequel non moins de 11 000 militaires russes sont déjà en place.

 

Une nouvelle phase dans le plan russe

 

Pour rappel, tout avait démarré après les violents conflits ayant opposé la Russie et la Géorgie au sujet de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie. A son issue, la Russie avait immédiatement reconnu les deux régions séparatistes comme deux pays indépendants. Une série d’accords avaient alors été initiés par Moscou avec les deux régions sur différents domaines tels que l’énergie et surtout la sécurité.

 

En novembre 2014, la Russie avait ensuite signé un partenariat stratégique plus poussé encore sur l’union de ses forces militaires de sécurité avec celles de l’Abkhazie. Le pays a par ailleurs récemment indiqué qu’il entendait également bien conclure une telle entente avec l’Ossétie du Sud.

 

La situation inquiète à Bruxelles où l’Europe s’est exprimée à travers la voix de Donald Tusk. Le Président du Conseil Européen a déclaré après avoir rencontré le Premier Ministre géorgien que tels accords « violent la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Géorgie ».

 

Tamar Beruchashvili  attend un geste diplomatique fort de la part de l’Union Européenne, notamment en laissant circuler librement dans l’Espace Schengen les Géorgiens. Le but de la manœuvre est selon elle de rendre le passeport de Géorgie « attractif » pour les habitants d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud. Les incitants par là à rester dans le giron du pays et à ne pas céder aux champs russes.