Le Caucase

L’Azerbaïdjan s’apprête à accueillir les Jeux européens

Alors que le pays prépare la tenue des Jeux européens qui se dérouleront du 12 au 28 juin prochain, de nombreuses voix se font entendre dans le pays comme à l’extérieur. Les investissements massifs réalisés ainsi que la liberté d’expression sont au centre des discussions. Un coup de projecteur sur le pays qui lui donnera l’occasion de prouver qu’il a fait de nettes avancées en la matière.

 

 

Le Comité Olympique a créé en 2012 les Jeux européens, qui permettent à plus de 6 000 athlètes d’obtenir des places qualificatives pour les futurs Jeux Olympiques de 2016. Ce sera au tour de la capitale d’Azerbaïdjan, Bakou, de les accueillir cette année.

 

L’Azerbaïdjan attend beaucoup de l’organisation de cet évènement, lui offrant une grande visibilité, comme cela avait été le cas avec la précédente organisation de l’Eurovision.

 

Le pays investit massivement et met les petits plats dans les grands : nouveaux stades, nouvelles infrastructures sportives, nouveaux équipements d’accueil, prise en charge du transport des athlètes… pour une note globale frôlant les 10 milliards d’euros.

 

 

L’opposition se fait entendre sur les coûts de l’organisation

 

Mais l’organisation de ces Jeux ne va pas s’en soulever quelques contestations. Le premier grief reproché au gouvernement du Président Ilham Aliev porte sur les coûts jugés pharaoniques par certains.

 

Une facture trop lourde aux yeux de Gultakin Hajibayli, opposante et présidente du Comité international du Conseil national des forces démocratiques d’Azerbaïdjan et d’Ali Karimli, figure de l’opposition et président du Parti Front Populaire d’Azerbaïdjan. Car pour la première « Les Jeux européens coûtent 8 milliards de dollars alors que le salaire moyen d’un médecin ou d’un professeur se situe entre 150 et 200 dollars par mois. C’est facile d’imaginer la mauvaise humeur d’une grande partie de la société face à cette générosité du gouvernement« .

 

Toujours est-il qu’un investissement de près de 10 milliards d’euros n’est pas une dépense à perte, car le pays peut escompter sur des recettes au moins deux fois équivalentes à la dépense. Une aubaine pour le pays, son économie et ses populations.

 

 

La liberté d’expression à l’épreuve du feu

 

C’est l’autre grand défi que doit relever l’Azerbaïdjan : démontrer à la communauté internationale que les médias sont libres dans le pays. Mais à en croire les nombreuses déclarations faites tant par des journalistes locaux que par des organisations internationales, la situation est encore à clarifier.

 

« Je suis content que les jeux se déroulent à Bakou parce que grâce à cela on pourra savoir ce qui se passe réellement en termes de répression ». C’est en ces mots que s’est exprimé Agil Khalil, journaliste réfugié politique en France depuis 2008. Il avait à l’époque été poignardé pour avoir critiqué ouvertement la corruption de la justice locale. Et selon lui toujours, la « situation a empiré. »

 

Des voix extérieures au pays se font entendre à ce sujet. Les deux organisations internationales Human Rights Watch et Amnesty International déplorent toutes deux l’emprisonnement de près d’une quarantaine de journalistes, bloggeurs, défenseurs des droits de l’homme et autres militants politiques, rien que pour l’année 2014.

 

Mais avec la tenue des Jeux Européens, nul doute que l’Azerbaïdjan aura à cœur de démontrer au plus grand nombre que les lignes ont bougé, que la liberté d’expression est bel et bien un fait dans le pays et que l’évènement se déroulera dans un climat apaisé. Une opportunité réelle également de relancer son économie.