Les récentes manifestations de samedi dernier marquent clairement la volonté du peuple géorgien d’en finir avec le marasme économique, les promesses non tenues et une idéologie politique dont il se sent plus que jamais distant.
50 000 personnes ont ainsi fait nettement savoir au gouvernement actuel leur profond mécontentement. Une manifestation qui s’est déroulée dans le calme mais qui n’est pas sans rappeler la Révolution des Roses de 2003, car elle se tenait Place de la Liberté à Tsibili.
Un lieu hautement symbolique car à l’époque la Révolution des Roses avait provoqué un changement de gouvernement, poussant vers la sortie Edouard Chevardnadze et installant aux commandes Michael Saakachvili.
Mais plus de dix années plus tard, le mécontentement du peuple géorgien se refait sentir. La raison principale ? Les promesses non tenues à n’en point douter. Le gouvernement de l’époque avait fait du rapprochement de la Géorgie avec l’Union Européenne un axe fort de son programme, promettant au pays des jours meilleurs voire heureux : modernisation, réformes, embellies de l’économie via des relations commerciales fructueuses…
Rien n’a vraiment changé donc à en croire les positions des Géorgiens qui doivent en plus subir depuis peu une nette chute de leur monnaie, dépréciée de quelques 20% par rapport au dollar. Pas de quoi doper son économie, ni rassurer les populations.
Saakachvili parti depuis a toutefois fait son retour sur écran géant lors de la manifestation, depuis Bruxelles, en fustigeant « l’inertie du pouvoir actuel » et en insistant sur son amour pour la Géorgie. Et les Géorgiens ne sont d’ailleurs pas restés insensibles à de telles déclarations, scandant longuement le surnom de Saakachvili « Micha ! Micha! « .
Dans un même mouvement, l’actuel parti d’opposition avec à sa tête l’ancien ministre Irakli Alasania enfonçait le clou en demandant purement et simplement le départ du gouvernement en place.
Une situation complexe
Le souhait du peuple géorgien d’un retour de Saakachvili aux commandes est assez caractéristique d’une relation amour-désamour. Car si au cours des deux mandats de Saakachvili, le pays avait retrouvé quelques couleurs au niveau économique, l’opinion publique s’était alors doucement lassée voire méfiée du personnage politique.
La censure des médias lui avait été reprochée, Saakachvili ayant eu alors la mainmise sur la chaîne de télévision d’opposition qu’il avait forcé à cesser d’émettre. Plus de réelle opposition à l’époque pour empêcher la prise par les armes de l’Ossétie du Sud.
Son relatif bon bilan économique avait donc été sérieusement assombri par l’omnipotence et l’omniprésence d’un personnage peu enclin à la contestation.
Le gouvernement actuel de Géorgie est ainsi face à une situation complexe. Il devra faire en sorte de satisfaire la foule réunie samedi dernier en envoyant des signes forts via un programme de réformes visant à rétablir au plus vite l’économie du pays. De crainte de voir les manifestations de ce type s’intensifier.