En concurrence directe avec son voisin géorgien sur la question, l’Arménie compte bien peser de plus en plus sur la scène internationale en termes de vin de qualité que le pays produit. La nation du Caucase s’appuie notamment sur sa légitimité historique pour développer sa filière et ses ventes.
En 2007, le plus vieux chai du monde a été mis à jour non loin de la rivière Arpa. Âgé de 6 000 ans depuis une expertise de géologues américains qui datent sa construction à avant celle des pyramides d’Egypte, la « grotte aux oiseaux » fait la fierté des Arméniens qui voit ainsi par là un excellent argument pour relancer l’économie viticole du pays.
Il n’en faut pas plus au peuple arménien pour faire savoir au plus grand nombre qu’une tradition immémoriale fait du pays le tout premier à avoir produit du vin dans le monde. La Géorgie ne l’entend pas de la même oreille et revendique de son côté le fait que son vin local est d’une qualité nettement supérieure.
Mais l’Arménie plaide la cause de son cépage phare, l’aréni, robuste par essence puisqu’il pousse facilement en altitude, résiste aux attaques du froid et aux brûlures de l’été, en comparaison aux vignobles français qui restent fragiles et conditionnés par un climat plus doux.
Une nouvelle direction pour le développement de sa filière
L’argument de la légitimité historique que détient dorénavant l’Arménie grâce à la découverte de « plus vieux chai du monde » lui permet de revendiquer une place de choix parmi les pays producteurs de vin dans le monde. A ce titre, elle est devenue il y a moins d’une année le très officiel 46ième pays membre de l’Organisation Internationale du Vin.
Une nouvelle identité qui vient casser l’ancienne image de qualité médiocre que le vin arménien détenait du temps de l’URSS, époque à laquelle le vin géorgien lui était préféré. La production viticole locale arménienne étant alors uniquement réservée à être distillée en cognacs.
Il faudra dorénavant donc compter de plus en plus sur l’Arménie comme producteur de vin puisque 15 000 hectares de vignobles ont été officiellement recensés ces derniers temps : plaine de l’Ararat et dans les régions de l’Armavir et de l’Aragatsotn, au sud et à l’est de la capitale Erevan.
De nombreux investisseurs et mécènes étrangers ont ainsi récemment jeté leur dévolu sur ces vignobles en faisant appel à des maîtres de chais occidentaux. Signe d’une réelle volonté de professionnalisation du secteur et signe également que le pays compte bien s’appuyer sur la filière comme levier de développement économique.
La capitale Erevan a à ce titre vu naître de nombreux bars à vins qui donneront la possibilité aux visiteurs internationaux d’attester de la très nette montée en gamme des dernières productions nationales. Il en est d’ailleurs ressorti que les crus dénommés karas, armas, bagratuni, hawasi ou avshar ont tout pour tirer leur épingle du jeu.