Le Caucase

Arménie : les manifestations s’intensifient

Un vent de contestation de plus en plus violent souffle sur l’Arménie depuis lundi 22 juin en raison de l’annonce faite par le gouvernement d’augmenter les tarifs de l’électricité. Une contestation qui n’a de cesse d’enfler au vu du nombre de manifestants présents dans les rues et devant le palais présidentiel, et au vu des nombreuses interpellations et arrestations. La crise interne et la crise russe en sont les deux principales explications.

 

Ils étaient 4 000 personnes à manifester dans les rues lundi soir, 4 000 personnes protestant vigoureusement devant le palais présidentiel pour faire entendre leur profond mécontentement quant à la nouvelle mesure décidée par le gouvernement. Une manifestation antigouvernementale d’une ampleur jamais vue dans le pays, et d’une vigueur assez marquée à en juger par les 237 arrestations comptabilisées par la police. Des manifestants « armés » pour certains de couteaux, barres en métal, massues que les forces de l’ordre et la police anti-émeute ont soit dispersés avec canon à eau et balles en caoutchouc ou mis en détention.

 

Une intensification des manifestations s’est donc déroulée entre lundi et mardi, les contestataires les plus violents risquant jusqu’à un an de prison, selon le porte-parole du ministère de l’intérieur Armen Malkhassian. Et pour aller de paire avec l’intensification des heurts, des journalistes de l’Agence France Presse (AFP) se sont plaints d’avoir été frappés par des policiers en civil. Preuve que ce qui se déroule en en ce moment dans le pays n’a rien d’anodin.

 

« Non au pillage », tarifs de l’électricité et crise russe

 

L’organisation des ces manifestations est à l’initiative d’un groupe s’affirmant apolitique. Baptisé « non au pillage », ce groupe a fait de l’augmentation des tarifs de l’électricité décidée par le gouvernement une lutte collective. « Nous sommes les maîtres de notre pays. Nous ne tolérerons pas l’augmentation du prix de l’électricité et ne laisserons pas (le gouvernement) voler notre peuple« .

 

Car il faut replacer ces contestations dans leur contexte. L’électricité en Arménie est fournie par une société russe, InterRAO. Pour faire face à la crise du rouble et à celle de la monnaie arménienne (le dram), à la chute du pétrole et aux sanctions européennes affligées à Moscou en raison de son implication dans la crise en Ukraine, la firme russe a demandé au gouvernement arménien d’augmenter les tarifs pratiqués dans le pays.

 

Et c’est ce qui est en train de mettre le feu au poudre. Car les Arméniens, déjà plombés par une économie qui patine, ne veulent plus de mesures contraignantes supplémentaires. Cette nouvelle hausse des tarifs de l’électricité, même si elle n’entraînera pas la faillite des ménages, est représentative d’une politique de rigueur qui cache son nom.

 

Reste à savoir quelle sera la réaction du gouvernement face à ces contestations sans précédent qui bénéficient d’une couverture médiatique européenne voire mondiale.