Le Caucase

Géorgie : le pays tente de contrer les djihadistes

Afin de participer à la lutte mondiale contre les terroristes djihadistes, les législateurs de Géorgie ont durci la loi. Le but de cette modification législative est de dissuader certaines personnes de toute tentative de voyages en Syrie pour y rejoindre des « groupes armés illégaux ». Une lourde peine de prison est prévue mais un réel travail de fond envers les jeunes géorgiens est réclamé par l’opinion publique.

 

L’origine de la démarche géorgienne provient d’un constat assez simple : les citoyens géorgiens souhaitant rejoindre l’Etat Islamique en Syrie transitent généralement par la Turquie. Et même s’il est difficile de connaître avec certitude le nombre de Géorgiens effectuant ce voyage, on sait cependant aujourd’hui que près d’une quinzaine de ressortissants du pays sont morts pour l’Etat Islamique suite à des luttes armées voire des actions terroristes.

Souhaitant endiguer ce phénomène et participer à l’effort mondial de lutte contre la radicalisation de l’Islam et des actions terroristes, Tsibili vient de modifier la loi : désormais toute personne qui tente de « rejoindre des groupes armés illégaux » afin de participer à des actions « terroristes » sera passible d’une peine d’emprisonnement de neuf ans.

 

Pour autant, certains analystes et hommes politiques estiment que cette nouvelle mesure n’est pas suffisante en soi et qu’il conviendrait alors de criminaliser les appels au terrorisme, ou tout ce qui peut avoir trait à l’expression d’un soutien au terrorisme. Une bonne manière selon eux de travailler en amont sur ce dossier brûlant. Seulement, cette proposition n’a pas été retenue dans la nouvelle mouture de la loi, car bon nombre d’associations de défense des droits civiques estiment qu’elle constituerait un frein à la liberté d’expression. Interdire de telles prises de position serait d’un côté bénéfique mais pourrait limiter voire empêcher mécaniquement d’autres déclarations d’opinion pourtant bien moins risquées pour la sécurité.

 

Travailler plus en amont sur la jeunesse

 

L’ancien ministre de la défense de Géorgie, Irakli Alasania, estime pour sa part que cette nouvelle loi n’est pas suffisante en soi, et qu’un travail en amont envers les jeunes est inévitable : « Tout d’abord, il y a un problème social que vous avez à prendre en charge. Les jeunes sont pris au piège, il n’y pas de possibilités ». Car les jeunes, comme ailleurs dans d’autres nations occidentales, sont bien souvent désœuvrés face à la difficulté qu’ils éprouvent à faire leur place dans la société. Et le gouvernement se doit de rétablir la barre selon Alasania.

 

Le pouvoir géorgien ne compte pas s’arrêter là. Un fonctionnaire du ministère de l’intérieur a déclaré que le gouvernement travaillait à l’élaboration d’une loi complémentaire tout en prévoyant « l’introduction de technologies innovantes aux points de passage de la frontière ».

 

Cette nouvelle salve de mesure intervient, rappelons-le, à quelques jours des derniers attentats qui ont eu lieu en France et en Tunisie.