En visite au Kazakhstan, le Premier Ministre de la Turquie s’est entretenu avec le Président Noursoultan Nazarbaïev. Deux grands aspects stratégiques ont été abordés entre les deux hommes politiques : le renforcement des collaborations bilatérales et le rôle de porte d’entrée vers l’UE et l’UEE que chaque pays peut jouer l’un pour l’autre. Vers un nouveau duo gagnant-gagnant dans la région ?
Ce devait être au départ une simple réunion de travail entre le Premier Ministre turc Ahmet Davutoglu et le Premier Ministre kazakh Karim Massimov, ce dernier ayant invité Davutoglu vendredi 5 février. Le renforcement des investissements mutuels étaient alors à l’ordre du jour, comme dans bon nombre de réunions entre pays partenaires. Mais la visite du Premier Ministre turc a pris une autre tournure dès le lendemain, alors qu’il a été reçu de la manière la plus officielle qui soit par le Président du Kazakhstan, Nazarbaïev.
On sait que le Kazakhstan est actuellement assez durement impacté par la chute du cours du pétrole, la chute du rouble et le ralentissement de l’économie russe qui implique de facto un ralentissement dans l’économie kazakhe. Aussi, le pays cherche-t-il a se relancer en actionnant plusieurs leviers, et le développement de plus de collaborations bilatérales avec la Turquie pourrait le sortir de cette mauvaise passe. Le Premier Ministre turc voit d’ailleurs des similitudes dans les économies de deux pays, notamment en termes de ressources énergétiques, de transport et de commerce, autant de domaines d’activités qui pourraient ainsi voir une intensification des échanges et des collaborations bilatéraux entre les deux nations. Davutoglu indiquant : «la Turquie et le Kazakhstan disposent de grands moyens dans plusieurs domaines, notamment, ceux de l’énergie, du commerce et du transport».
Accéder à de nouveaux marchés
Mais au-delà de ces collaborations à venir qui restent assez classiques et attendues du point de vue des relations bilatérales de la scène internationale, la position géographique de chaque pays peut jouer et jouera très certainement un rôle des plus stratégiques pour chacun. La Turquie est en effet à la porte de l’Union Européenne et le Kazakhstan pour sa part et sur le seuil de l’Union Economique Eurasiatique. Deux vastes pour ne pas dire gigantesques marchés auxquels chacun des deux pays pourrait avoir plus facilement accès en bénéficiant de l’aide de l’autre.
Le Premier Ministre de la Turquie s’est d’ailleurs montré des plus clairs à cet égard : « la Turquie représentait la porte de l’Union européenne pour le Kazakhstan, qui constitue à son tour la porte pour la Turquie pour accéder à l’Union économique eurasiatique ». Il est alors aisé d’imaginer que les produits kazakhs trouveraient de nouveaux débouchés en atteignant le marché de l’UE via la Turquie et vice et versa : la Turquie pourrait écouler ses marchandises diverses à destinations des pays de l’UEE cette fois en transitant par le Kazakhstan. De telles opérations permettraient au Kazakhstan de se refaire une santé économique en s’attaquant à une zone économique porteuse, l’Europe, tout en se désenclavant même partiellement de l’influence de Moscou.