Le Caucase

Qu’attendre de la visite du Président de l’Ouzbékistan à Paris ?

Shavkat Mirziyoyev - Ouzbékistan

La visite du président ouzbek à Paris ce 8 et 9 octobre est un petit évènement diplomatique. C’est le premier déplacement officiel en France de Shavkat Mirziyoyev. L’occasion pour Paris de se rapprocher de Tachkent. Car l’Ouzbékistan, coincé entre la Chine et la Russie, cherche de nouveaux partenaires en Europe pour l’aider à assurer sa transition démocratique et son développement économique.

En Ouzbékistan comme dans de nombreux pays de l’ancien bloc soviétique, la chute du mur n’a pas signifié la chute de l’autocratie. Il a fallu attendre 2016 et la disparition d’Islam Karimov, qui dirigeait alors le pays d’une main de fer depuis 25 ans, pour que l’Ouzbékistan rentre de plein pied dans le XXIème siècle. Désormais sous l’égide de son nouveau président Chavkat Mirzioïev, le pays entame une véritable « Perestroïka » et multiplie les réformes. Le chef de l’Etat ouzbek cherche désormais de nouveaux alliés en Europe pour l’appuyer dans son processus de libéralisation de l’économie et de la vie politique. Coincé entre les mastodontes autoritaires voire dictatoriaux que sont la Chine et la Russie, l’Ouzbékistan vient chercher des soutiens en Europe. Emmanuel Macron acceptera-t-il la main tendue ?

Une société en voie de démocratisation

Elu en décembre 2016 par les électeurs ouzbeks, Shavkat Mirziyoyev n’est pas un novice en politique puisqu’il était Premier ministre du pays au moment de la disparition du président Karimov. Rapidement, des signes d’une démocratisation progressive sont envoyés à la population et la communauté internationale. Les opposants politiques, journalistes et défenseurs des droits de l’Homme ont été libérés et les interdictions multiples pesant sur les médias balayés. La liberté de pensée et d’expression ont considérablement progressées même si Human Rights Watch estime que certaines « promesses de réforme restent à concrétiser ».

Un changement politique, une démocratisation et une ouverture sur le monde extérieur qui doit aussi permettre de tarir le flux de jeunes ouzbèkes qui quittent leur pays pour tenter leur chance dans les grandes villes russes. L’Ouzbékistan entend prendre part à la mondialisation en devenant un pôle attractif pour les touristes du monde entier et en premier lieu français. En effet, deux jours avant l’arrivée du président Shavkat Mirziyoyev, le ministère ouzbèke des Affaires étrangères a annoncé la fin du système de visa pour les touristes français désireux de découvrir les merveilles de ce pays traversé par la route de la soie.

Une économie en ébullition

Le tourisme est considéré comme un atout majeur par des autorités qui ont également autorisé la conversion de la monnaie nationale (Soum). Les échanges sont aujourd’hui grandement facilités et le pays entend se construire une image positive auprès de touristes potentiels jusque-là privés de découvertes aussi enchanteresses que Samarcande. Le voyage de deux jours à Paris du président Ouzbek s’inscrit dans cette volonté de se faire un nom. Et le charme semble opérer puisque Bouygues Bâtiment International SAS vient de signer un accord de 100 millions d’euros pour construire des hôtels, restaurants et centres de loisirs dans la zone touristique de Kadimiy Bukhoro (ex-Bukhara).

D’autres secteurs à forte valeur ajoutée ne sont pas en reste puisque Natixis a conclu deux accords d’une valeur totale de 500 millions d’euros pour financer des projets d’équipement de haute technologie. Enfin, le Crédit Agricole a ouvert une ligne de crédit de 300 millions d’euros afin de financer de multiples projets en Ouzbékistan. Les premiers contrats sont déjà signés et les trente-six prochaines heures risquent d’être riches en accords. L’Ouzbékistan se démocratise et se modernise. C’est une chance pour les populations du pays et pour les sociétés françaises désireuses de toucher un marché fort de 33 millions d’habitants.