Le Caucase

La Russie ouvre une enquête criminelle une alliée de l’opposant Alexei Navalny

Les autorités russes ont lancé vendredi une enquête criminelle sur une alliée de l’ennemi du Kremlin, Alexei Navalny, après qu’elle ait tenté de pénétrer dans l’appartement d’un homme qui, selon elle, a participé à son empoisonnement.

Les enquêteurs ont accusé Lyubov Sobol d’avoir commis une infraction « en recourant à la violence ou en menaçant de le faire » après qu’elle eût sonné à la porte de l’agent présumé du Service fédéral de sécurité (FSB), la principale agence de sécurité du pays.

Les accusations sont passibles d’une peine maximale de deux ans de prison.

Lyubov Sobol a d’abord été emmenée pour être interrogée en tant que témoin dans l’enquête, mais plus tard vendredi, l’allié de la marine, Ivan Zhdanov, a déclaré qu’elle était devenue un suspect dans cette affaire.

« Lioubov Sobol est maintenant officiellement un suspect dans l’affaire pénale, son statut a changé », a écrit Zhanov sur Twitter, ajoutant qu’elle était placée en garde à vue pendant 48 heures.

L’avocat de Sobol, Vladimir Voronine, a confirmé cette information à l’AFP sans donner plus de détails.

La commission d’enquête russe – qui enquête sur les crimes majeurs – a déclaré vendredi que Sobol et plusieurs autres personnes ont tenté à plusieurs reprises d’entrer dans « l’appartement d’une femme âgée » dans l’est de Moscou, ajoutant qu’ils portaient des uniformes d’un célèbre service de défense des droits des consommateurs en Russie.

La déclaration a indiqué que Sobol avait ainsi trompé un livreur afin qu’il la laisse entrer dans l’immeuble et qu’elle l’avait ensuite forcé la porte pour entrer dans l’appartement de la femme lorsque celle-ci a entrouvert sa porte.

Vendredi, peu après 7h00 (0400 GMT), la militante de l’opposition de 33 ans a posté une vidéo sur Twitter depuis chez elle.

Dans cette vidéo, on peut entendre sa fille de sept ans pleurer alors que quelqu’un frappe à sa porte d’entrée, demandant son ouverture.

Une autre vidéo de télésurveillance diffusée par les alliés de Navalny montre des hommes masqués en uniforme noir – dont l’un porte un pied de biche – à l’intérieur de l’immeuble résidentiel de Sobol à Moscou.

Les enquêteurs ont confisqué les appareils technologiques de Sobol ainsi que le téléphone portable de sa fille, ont déclaré ses associés.

Lundi, Navalny a déclaré qu’il avait trompé un prétendu expert en armes chimiques du FSB, Konstantin Kudryavtsev, en lui faisant avouer que l’agence de renseignement national avait cherché à le tuer cet été en mettant du poison dans ses sous-vêtements.

Plus tard dans la journée de lundi, Sobol s’est rendu à l’appartement de Moscou où Kudryavtsev vivrait. Elle a été détenue par la police sur place et interrogée pendant des heures.

L’avocat de Sobol a déclaré que l’enquête avait été lancée suite à une plainte de la belle-mère de Kudryavtsev.

Les gouvernements occidentaux affirment que Navalny, 44 ans, a été empoisonnée avec l’agent neurotoxique Novichok de l’ère soviétique dans une affaire qui a encore entamé les relations de Moscou avec les principaux pays européens et a entraîné des sanctions mutuelles.

Le FSB affirme que l’appel de Navalny avec Kudryavtsev était « faux » mais n’a pas nié qu’il travaillait pour l’agence.

Le Kremlin a admis que des agents de sécurité ont suivi Navalny, mais a nié toute tentative d’empoisonnement.

Réaction hystérique

Les autorités russes n’ont pas ouvert d’enquête criminelle sur l’empoisonnement du leader de l’opposition.

Navalny a déclaré que la « réaction hystérique » des autorités russes n’a fait que prouver leur culpabilité.

« Vous appelez la sonnette d’un tueur – ils enfoncent votre porte et vous emmènent pour un interrogatoire », a-t-il écrit sur son blog.

Sobol, avocate de formation, a annoncé son intention de se présenter aux élections parlementaires l’année prochaine.

Elle s’est fait connaître au cours de l’été 2019, lorsqu’il lui a été interdit, ainsi qu’à d’autres politiciens de l’opposition, de se présenter aux élections municipales à Moscou.

Les candidats interdits ont organisé des manifestations dans la capitale russe pour protester contre leur exclusion des urnes et Sobol a également entamé une grève de la faim d’un mois pour protester.