Le Caucase

Alors que l’UE tente d’isoler la Russie, la Serbie reste proche de son ancien allié

Alors que l’Union européenne s’efforce d’isoler la Russie et de réduire ses importations d’énergie, la Serbie, candidate à l’adhésion à l’UE, resserre ses liens avec Moscou par le biais d’un nouvel accord d’approvisionnement en gaz.

Belgrade a condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie aux Nations unies, mais a refusé de prendre part aux sanctions contre son vieil allié, bien que la Serbie ait pour objectif de rejoindre l’UE.

Un jour avant que les Européens ne décident d’interdire la plupart des importations de pétrole russe cette semaine, Belgrade a annoncé un contrat de gaz naturel de trois ans avec Moscou, s’attirant ainsi les foudres de Bruxelles.

Le président serbe Aleksandar Vucic a révélé l’accord de gaz « très favorable » – avec « de loin les meilleures conditions en Europe » – à la suite d’un appel téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine dimanche.

« Nous aurons un hiver sûr en ce qui concerne l’approvisionnement en gaz », s’est vanté le dirigeant populiste, ajoutant qu’en hiver, la Serbie paiera « un dixième » du prix déboursé par les autres pays européens.

La Russie, quant à elle, a interrompu l’approvisionnement en gaz de plusieurs pays de l’UE. L’Union européenne entend réduire ses importations de gaz de deux tiers cette année, mais un embargo n’est pas encore envisagé.

Soulignant les liens amicaux entre Belgrade et Moscou, le ministre russe des affaires étrangères, Sergei Lavrov, se rendra dans la capitale du pays des Balkans au début de la semaine prochaine, a déclaré vendredi le ministère des affaires étrangères à Moscou.

M. Lavrov doit rencontrer M. Vucic, son homologue serbe Nikola Selakovic et le patriarche serbe Porfirije.

Le porte-parole de l’UE, Peter Stano, a déclaré que l’Union s’attendait à ce que la Serbie « ne renforce pas davantage ses liens avec la Russie ».

« Les pays candidats, y compris la Serbie, sont censés aligner progressivement leurs politiques à l’égard des pays tiers sur les politiques et positions adoptées par l’Union européenne, y compris par des mesures restrictives », a déclaré M. Stano dans un communiqué.

Des accords parallèles

Belgrade proclame officiellement que l’adhésion à l’UE est une priorité, mais elle s’est toujours dérobée aux politiques européennes allant à l’encontre des intérêts russes, tandis que les médias pro-gouvernementaux se font l’écho des messages féroces venant du Kremlin.

Les responsables serbes ont accusé les pays occidentaux de faire pression sur Belgrade pour qu’elle impose des sanctions contre la Russie, et certains ont même suggéré que le pays devrait abandonner sa candidature à l’UE sur cette question.

« C’est comme s’ils avaient passé la dernière décennie à préparer la société serbe non pas à l’adhésion à l’UE, mais à une alliance avec Moscou », a déclaré à l’AFP Srdjan Cvijic, membre du groupe de réflexion The Balkans in Europe Policy Advisory Group (BiEPAG).

Selon un récent sondage d’opinion, 40 % des Serbes ont déclaré qu’ils seraient « heureux » si leur pays renonçait à essayer de rejoindre l’UE et formait à la place une alliance avec la Russie.