Le Caucase

L’Azerbaïdjan maintient le cap au Karabakh

Les circonstances relatives au stationnement temporaire de soldats de la paix russes au Karabakh sont peut-être flous, et l’article 4 de l’accord de cessez-le-feu du 10 novembre n’a peut-être pas été pleinement appliqué, mais l’Azerbaïdjan fait en sorte que son projet soit soigneusement et, lorsque la nécessité s’en fait sentir, très rapidement mis en œuvre.

La récente escalade du début du mois d’août témoigne de la détermination de Bakou à ne pas reculer devant le devoir de neutraliser efficacement les formations arméniennes illégales qui, contrairement à la disposition précitée de la déclaration trilatérale, restent présentes dans le Karabakh. Le sens de l’article 4 pourrait être contesté, mais l’Azerbaïdjan est clairement d’avis que le déploiement du contingent russe dans la région aurait dû avoir lieu en même temps que le retrait des forces séparatistes.

Toute escalade future, qui ne peut en aucun cas être écartée, sera définie par deux séries de circonstances. Premièrement, la détermination de l’Azerbaïdjan à contrer les séparatistes qui bordent la zone placée sous la responsabilité temporaire du contingent russe sera déterminante. L’avancée du mois de mars sur le plateau de Farrukh a été une indication claire de l’approche  » sans état d’âme  » de Bakou, renforcée par la récente escalade.

Il faut également se demander comment les soldats de la paix russes vont réagir. Étant donné que leur mandat ne prescrit pas explicitement un mode d’action, la décision sera plutôt prise en fonction de certains accords diplomatiques, mais publiquement discrets, conclus sur le front Bakou-Moscou. Les préoccupations du Kremlin à l’égard de l’Ukraine peuvent laisser supposer qu’il sera conciliant à l’égard des opérations antiterroristes de Bakou.

Il n’y a pas d’égalité des armes entre les forces armées azerbaïdjanaises et les vestiges séparatistes. L’opération Retribution de Bakou, qui a suivi la mort du militaire azerbaïdjanais Anar Kazimov, a vu l’emploi d’une guerre de nouvelle génération sous la forme d’une application impitoyable d’actions de combat réseau-centrées. Les opérateurs de drones, soutenus sans faille par des unités terrestres, ont permis à l’Azerbaïdjan de reprendre en une seule journée le contrôle des hauteurs stratégiquement vitales de la chaîne de montagnes du Karabakh, qui s’étendent sur une centaine de kilomètres du nord au sud.

Aujourd’hui, les positions militaires de Bakou au Karabakh se sont considérablement améliorées. Malgré le « luxe » résiduel des séparatistes illégaux de trouver refuge dans la zone contrôlée par le contingent russe, l’armée azerbaïdjanaise a la maîtrise totale des hauteurs stratégiques de Buzluq, Qirxqiz, Uchdik, Saribaba et Lachin Dag, qui forment la ligne de contrôle et lui permettent de surveiller de près le territoire adjacent et les principales infrastructures routières des deux côtés de la crête.

Après s’être positionné en toute sécurité le long de la chaîne de montagnes du côté ouest de la région économique du Karabakh, Bakou est maintenant en mesure de contrôler les hauteurs qui surveillent Khankandi.

L’argument arménien est que l’Azerbaïdjan poursuit deux objectifs interdépendants, à savoir l’exode massif de la population arménienne de la région et la création de conditions favorables au retrait du contingent russe. Il est vrai que Bakou n’a aucun intérêt à prolonger la présence des casques bleus au Karabakh, et considère strictement leur situation comme temporaire.

Cependant, le premier élément est plutôt artificiel, car l’Azerbaïdjan fait la distinction entre les restes de la soi-disant « NKR » illégale et la population arménienne. La première se situe en dehors de l’espace juridique et aurait déjà dû être annulée au Karabakh. La seconde, en revanche, constitue des citoyens de la République d’Azerbaïdjan, que Bakou considère comme faisant partie de son cadre constitutionnel.