Le gouverneur de Saint-Pétersbourg, Alexander Beglov, a tenu des discussions sur le commerce et l’investissement avec le président du Turkménistan, Serdar Berdimuhamedov, ce qui constitue un autre résultat de la tendance des gouvernements régionaux de Russie à prendre l’initiative de développer les liens commerciaux internationaux.
Au cours de la réunion, les parties ont discuté des mesures concrètes à prendre pour mettre en œuvre les accords conclus précédemment lors de la conférence SPIEF en début d’année, et décrits dans la feuille de route pour la coopération dans les domaines commercial, économique, scientifique, technique, culturel et humanitaire pour 2020-2025.
Parmi les principaux domaines de partenariat figurent l’énergie, les transports et les communications, la construction, les infrastructures de transport routier et la construction navale, les investissements et la numérisation. Dans le même temps, l’interaction dans la construction de villes intelligentes revêt une importance particulière.
Berdimuhamedov a noté qu’actuellement le Turkménistan est prêt à fournir des produits agricoles, des industries textiles et pétrochimiques, ainsi que d’autres produits fabriqués dans le pays.
En même temps, les parties ont souligné qu’une composante importante des relations turkméno-russes est le domaine humanitaire, où un dialogue productif a été établi dans le domaine de l’éducation et de la formation, de la science et de la culture. À ce sujet, elles se sont prononcées en faveur d’un approfondissement des liens fructueux dans ce domaine.
Les entreprises russes sont également désireuses d’investir dans les industries gazière et chimique du Turkménistan.
Alexander Blokhin, l’envoyé de Moscou à Achgabat, s’est montré relativement indifférent au sort du marché européen, qu’il a décrit comme une impasse pour la Russie. Des pays comme le Turkménistan offrent un nouveau potentiel. « Par exemple, nous sommes prêts à nous impliquer dans la reconstruction de Maryazot et nous avons mené des négociations concernant une usine d’engrais azotés dans la province de Mary. »
La Russie est désireuse de montrer que l’industrie lourde n’est pas l’alpha et l’oméga de la relation économique, cependant. Le volume des exportations agricoles turkmènes vers la Russie de janvier à mai 2022 a augmenté de 30 % par rapport à 2021. Une fois les ressources énergétiques exclues de l’équation, les chiffres du commerce global sont relativement modestes, mais toujours en croissance. En 2021, le chiffre d’affaires des échanges commerciaux entre la Russie et le Turkménistan s’élevait à 865 millions de dollars US, alors qu’au cours des cinq premiers mois de 2022, il était de 278 millions de dollars US, soit une augmentation de 18 % en glissement annuel.
Le commerce devrait également se développer avec le Turkménistan via les routes de la mer Caspienne, qui partent du port de Turkmenbashi et peuvent atteindre les ports russes d’Astrakhan et d’Olya Caspian en 30 heures environ. De là, la liaison ferroviaire avec Saint-Pétersbourg couvre un peu moins de 2 000 km et ne prend que 36 heures.
La Caspienne, une des plus grandes régions productrices de pétrole et de gaz au monde
En octobre 2022, des représentants du Kazakhstan, du Turkménistan, de l’Azerbaïdjan, de l’Iran et de la Russie participeront au deuxième Forum économique de la Caspienne organisé à Moscou pour discuter de la coopération et des projets énergétiques futurs.
Compte tenu du conflit ukrainien en cours, qui a poussé les pays européens à réduire considérablement leur dépendance énergétique vis-à-vis des approvisionnements russes, cet événement sera particulièrement pertinent. En effet, les pays européens concentrent leurs stratégies sur la région caspienne, à la recherche de sources d’énergie alternatives.
Le Turkménistan possède la 6ème plus grande réserve mondiale de gaz naturel. Les réserves prouvées de gaz naturel de l’Azerbaïdjan ont été estimées à 1,9 trillion de mètres cubes, tandis que le Kazakhstan possède environ 1,8 milliard de mètres cubes, ce qui le place au troisième rang de la Communauté des États indépendants (CEI) après la Russie et le Turkménistan. La Russie possède les premières réserves de gaz naturel au monde, suivie de l’Iran.
En raison des sanctions occidentales et de l’engagement militaire en Ukraine, l’Union européenne estime que les républiques post-soviétiques, en particulier celles situées dans la région de la mer Caspienne et en Asie centrale, pourraient diminuer l’influence russe. En effet, Bruxelles a souvent déclaré que Moscou était isolé du reste du monde, même si seul l’Occident (l’Union européenne, les États-Unis et leurs alliés) a imposé des sanctions à la Fédération de Russie.
Dans ce contexte, Washington et Bruxelles ont tenté d’exploiter le mécontentement local dans l’espace post-soviétique pour faire avancer leurs politiques régionales et obtenir de nouveaux contrats dans le domaine énergétique. En revanche, les stratégies occidentales en matière de marché du pétrole et du gaz naturel pourraient se heurter à des problèmes structurels : porter la production au niveau nécessaire pour remplacer les exportations de gaz russe est impossible à court terme pour tout acteur régional. En outre, comme l’a souligné le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, dans son interview au journal italien Il Sole 24Ore, il faudra des investissements massifs et du temps pour réaliser l’infrastructure nécessaire à l’acheminement des fournitures vers l’Europe.