Le Caucase

Une économie russe résiliente surmonte les sanctions grâce au boom pétrolier

L’économie russe pourrait être confrontée à de nombreux défis à long terme, mais pour l’instant, les exportations d’énergie semblent l’aider à surmonter les sanctions occidentales imposées à la suite de l’offensive contre l’Ukraine.

Moscou affirme que l’inflation diminue et que l’emploi est pratiquement au complet, contredisant les prédictions de catastrophe de nombreux experts financiers.

Le Fonds monétaire international a apporté mardi un certain soutien au point de vue de la Russie, affirmant que la récession sera moins grave que prévu en raison des exportations de pétrole et d’une demande intérieure relativement stable.

Le FMI prévoit que l’économie russe ne se contractera que de 3,4 % sur l’ensemble de l’année, après s’être contractée de 21,8 % au cours du deuxième trimestre en taux trimestriel annualisé.

Ce n’est qu’en juin que le FMI a prévu une baisse annuelle de 6 %.

« La contraction de l’économie russe est moins grave que prévu, ce qui reflète la résilience des exportations de pétrole brut et de la demande intérieure grâce à un soutien accru des politiques budgétaire et monétaire et au rétablissement de la confiance dans le système financier », indique le dernier rapport du FMI sur les perspectives économiques mondiales.

Le président Vladimir Poutine avait déclaré en septembre que la situation économique du pays se « normalisait » et que le pire était passé après la série de sanctions économiques qui ont suivi l’opération militaire lancée contre l’Ukraine en février.

Le chômage est tombé à son niveau le plus bas de 3,8 %, a déclaré M. Poutine, tandis que l’inflation annuelle a été ramenée à 13,7 % par an, après avoir atteint des sommets au printemps, lorsque les premières sanctions ont commencé à faire sentir leurs effets.

L’impact des premières sanctions est « terminé ».

« Nous pouvons considérer que l’impact des premières sanctions est passé, notamment dans le secteur financier », a déclaré à l’AFP Elina Ribakova, directrice adjointe de l’Institut de la finance internationale, un groupe commercial pour l’industrie mondiale des services financiers.

La rupture diplomatique et économique avec l’Occident a accéléré le rapprochement de Moscou avec la Chine, gourmande en énergie, avec laquelle elle partage une frontière de 4 000 kilomètres (2 500 miles).

Quasiment exclues du marché européen, « les entreprises russes ont été contraintes de trouver des alternatives sur d’autres marchés, notamment en Asie et en Turquie », explique à l’AFP Natalya Zubarevich, économiste à l’Université d’État de Moscou.

La Russie et la Chine ont déjà annoncé leur intention de régler les contrats de gaz et d’électricité en roubles et en yuans, un triomphe pour les efforts du Kremlin visant à sortir le dollar américain de l’économie.

La décision prise la semaine dernière par le cartel pétrolier OPEP+ de réduire à nouveau la production, malgré l’appel de Washington à ouvrir les robinets, a également été chaleureusement accueillie par Moscou, qui bénéficie de la hausse des prix du brut.

Alors que le club des nations riches du G7 peine à se mettre d’accord sur un prix plafond pour le pétrole russe, un plafond que la Chine et l’Inde semblent peu enclines à suivre, les perspectives de la Russie semblent effectivement s’améliorer.

Et pour 2023, le FMI s’attend désormais à ce que l’économie russe se contracte de 2,3 %, ce qui représente une amélioration par rapport aux 3,5 % prévus en juillet.

Cependant, l’économie russe est de plus en plus dépendante des exportations d’énergie et prend du retard dans de nombreux secteurs à forte valeur ajoutée.

Isolement international

La promesse de la Russie de développer ses propres produits de haute technologie, une fois importés de l’étranger, n’est toujours pas tenue, et elle n’a pas de rivaux nationaux face aux géants de la technologie comme Apple et Microsoft.

Les entreprises qui dépendent de produits étrangers de pointe doivent faire face à leur isolement des marchés internationaux.

Un manque flagrant de pièces détachées a également frappé la production automobile.

Le constructeur japonais Toyota a fermé son usine de Saint-Pétersbourg à la mi-septembre en raison d’un manque de composants électroniques.

Nissan vend ses actifs russes, y compris une usine dans la ville, au gouvernement russe, après avoir arrêté la production en mars.

« Environ la moitié des entreprises touchées par les sanctions ont toujours des difficultés à trouver des fournisseurs alternatifs », a déclaré Mme Ribakova.

En conséquence, le gouvernement a assoupli les normes de sécurité et d’environnement pour les véhicules fabriqués dans le pays.

Dans un document ayant fait l’objet d’une fuite et publié récemment dans les médias locaux, des fonctionnaires du ministère du commerce et de l’industrie ont tiré la sonnette d’alarme quant au retard de 10 à 15 ans de l’industrie technologique russe, à sa dépendance vis-à-vis des produits étrangers et au manque de main-d’œuvre.

Moscou s’inquiète également de l’embargo européen sur le pétrole russe, qui doit débuter le 5 décembre et qui sera suivi d’une interdiction des produits pétroliers raffinés à partir de février prochain.

Au cours des huit premiers mois de cette année, plus de 40 % des revenus fédéraux provenaient du pétrole et du gaz, selon le ministère des finances.