En un revirement notable de la politique française, la France a décidé de soutenir l’ambition de l’Ukraine de rejoindre l’OTAN. Cette décision vise à exercer une pression sur la Russie afin qu’elle entame des négociations pour mettre fin à la guerre en cours.
Un tournant dans la politique française
Historiquement, la France et l’Allemagne s’étaient opposées à l’adhésion rapide de l’Ukraine à l’OTAN en 2008, contre les conseils des États-Unis, qui préconisaient son intégration à l’époque. Le président français Emmanuel Macron avait également maintenu cette position avant et après le début de l’invasion russe en Ukraine en février 2022.
Toutefois, lors d’une réunion du Conseil de défense à l’Élysée le 12 juin, M. Macron et son gouvernement ont réexaminé la possibilité de l’adhésion de l’Ukraine à l’alliance, ce qui marque un changement significatif dans la politique française.
La nouvelle approche française
Selon des rapports, la France considère maintenant le soutien à l’adhésion de l’Ukraine comme un moyen d’influencer le conflit et d’inciter la Russie et l’Ukraine à négocier. La France espère que cette position encouragera le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à entamer des négociations lorsque le moment sera propice, en fonction des résultats de la contre-offensive.
Ce revirement de la France rapproche sa position de celle des pays d’Europe centrale, comme la Pologne et les États baltes. Comme l’a déclaré un diplomate étranger, la position française est désormais plus proche de celle de la Pologne que de celle de l’Allemagne.
La garantie de sécurité et l’avenir
Le soutien de la France à l’adhésion de l’Ukraine est considéré comme une « garantie de sécurité » en soi, car il pourrait décourager la Russie de poursuivre la guerre. Si le conflit devait prendre fin, cette adhésion pourrait prévenir toute nouvelle agression.
Cependant, la France a exclu l’idée que l’Ukraine rejoigne l’OTAN tant que la guerre est en cours, car cela pourrait conduire à l’activation de la clause d’assistance mutuelle de l’organisation – l’Article 5 – et plonger l’Occident dans le conflit.
Mais Paris espère que ce changement d’approche facilitera la mise en place de « garanties de sécurité tangibles et crédibles » pour l’avenir. « Nous devons être beaucoup plus ambitieux que nous ne le sommes parfois sur ces questions », a déclaré M. Macron lors d’un discours à Bratislava le mois dernier.
Une aide potentielle pour l’Ukraine
En plus de ce soutien politique, la France envisage de fournir à l’Ukraine 50 missiles de croisière Scalp, l’équivalent français du Storm Shadow britannique que Londres fournit à Kyiv depuis mi-mai.
Par ailleurs, certains États d’Europe de l’Est, notamment la Pologne et les États baltes, pourraient envoyer des troupes au sol en Ukraine si ses alliés de l’OTAN ne lui offrent pas des garanties de sécurité adéquates lors du sommet de Vilnius. La France a exclu cette possibilité, mais étudie la participation française à une ou plusieurs zones d’exclusion aérienne sur certaines régions de l’Ukraine.
Tous ces éléments s’inscrivent dans le cadre d’un effort plus vaste pour soutenir l’Ukraine dans son conflit avec la Russie. En effet, l’UE prévoit de dévoiler un paquet d’aide pour l’Ukraine d’une valeur de 50 milliards d’euros mardi prochain. Le soutien de la France à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN est donc une partie importante de cet effort international pour aider l’Ukraine à surmonter cette crise.
L’industrie de l’armement en Ukraine
En plus de la volonté de rejoindre l’OTAN, l’Ukraine est également en pourparlers avec les fabricants d’armes occidentaux pour stimuler la production d’armes, y compris les drones, et pourrait signer des contrats dans les mois à venir. En mai, M. Zelensky a annoncé que le pays travaillait avec la société de défense britannique BAE Systems pour établir une base ukrainienne pour la production et la réparation d’armes et d’équipements. Aucun accord n’a encore été signé à ce jour.
En parallèle, le groupe allemand Rheinmetall a annoncé le mois dernier qu’il avait mis en place une coentreprise avec le conglomérat d’État ukrainien Ukroboronprom pour construire et réparer des chars en Ukraine. Les opérations devraient commencer à partir de mi-juillet. Ces initiatives visent à renforcer les capacités de l’Ukraine à résister à l’agression russe et à récupérer les territoires occupés par les forces de Moscou.
La décision de la France de soutenir l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN marque un tournant significatif dans la politique française. En adoptant une approche plus proactive pour résoudre le conflit entre la Russie et l’Ukraine, la France espère inciter la Russie à entamer des pourparlers de paix. Alors que la situation reste complexe et incertaine, le soutien de la France et d’autres nations occidentales pourrait jouer un rôle crucial dans la détermination de l’avenir de l’Ukraine.