À l’approche de l’hiver, de nombreux jardiniers s’apprêtent à mettre leurs précieux géraniums à l’abri du gel. Pourtant, chaque année, une erreur commune transforme cette opération de sauvetage en hécatombe. Rentrer ses pélargoniums, de leur vrai nom, dans une cave obscure et humide est la garantie quasi certaine de les retrouver pourris en quelques semaines. Cette pratique, bien que répandue, ignore totalement les besoins fondamentaux de cette plante et conduit inévitablement à sa perte. Comprendre les mécanismes biologiques en jeu est la première étape pour éviter ce désastre horticole.
Comprendre pourquoi les géraniums pourrissent en cave
Le sort funeste des géraniums hivernés en cave n’est pas une fatalité, mais la conséquence directe de conditions de stockage inadaptées. La combinaison de l’obscurité, de l’humidité excessive et d’une mauvaise circulation de l’air crée un environnement létal pour ces plantes d’origine sud-africaine.
L’ennemi numéro un : l’humidité stagnante et le manque d’air
Une cave est souvent un lieu confiné où l’air circule peu et où l’humidité ambiante est élevée. Dans un tel environnement, le terreau des géraniums reste constamment détrempé. Les racines, privées d’oxygène, se retrouvent asphyxiées. Cette situation favorise le développement de champignons pathogènes responsables de la pourriture racinaire. Les symptômes sont sans appel : les tiges se ramollissent à la base, les feuilles jaunissent puis noircissent, et une odeur de moisi se dégage du pot. C’est un processus irréversible qui condamne la plante.
Le besoin vital de lumière, même en dormance
Contrairement à une idée reçue, le géranium n’entre pas dans une dormance complète comme un bulbe de tulipe. Il entre plutôt dans une phase de repos végétatif, où son métabolisme ralentit considérablement. Cependant, il a toujours besoin d’un minimum de lumière pour réaliser la photosynthèse, un processus vital qui lui permet de maintenir ses fonctions de base et de survivre. Une obscurité totale l’oblige à puiser dans ses réserves jusqu’à épuisement complet. Sans lumière, le géranium s’étiole, jaunit et finit par mourir, incapable de produire l’énergie nécessaire à sa survie.
L’origine sud-africaine du pélargonium
Il est crucial de se souvenir que le pélargonium est originaire d’Afrique du Sud, une région où les hivers sont doux et lumineux. Il est génétiquement programmé pour supporter une saison plus fraîche et sèche, mais pas l’obscurité totale ni le froid humide de nos caves européennes. Le géranium rustique (géranium vivace) peut survivre en pleine terre, mais le pélargonium des balcons est une plante gélive qui requiert des conditions d’hivernage spécifiques, mimant autant que possible son environnement naturel.
Connaître les causes de la pourriture permet de mieux cerner les gestes à proscrire. Analysons maintenant plus en détail les erreurs les plus fréquemment commises par les jardiniers au moment de rentrer leurs plantes.
Erreurs courantes lors de l’hivernage des géraniums
L’échec de l’hivernage des pélargoniums est souvent dû à une accumulation de mauvaises pratiques. Identifier ces erreurs est essentiel pour les corriger et donner toutes les chances à vos plantes de refleurir au printemps suivant.
L’arrosage inadapté : entre l’excès et l’oubli
L’une des erreurs les plus critiques concerne la gestion de l’eau. Durant la période de repos végétatif, les besoins en eau du géranium sont extrêmement réduits.
- L’arrosage excessif : C’est la cause principale de pourriture. Un jardinier bien intentionné peut penser que sa plante a soif et continuer à l’arroser comme en été. Dans un local frais et peu lumineux, l’eau ne s’évapore pas et le substrat reste saturé.
- L’oubli total : À l’inverse, ne jamais arroser la plante de tout l’hiver peut entraîner son dessèchement complet. Les tiges et les racines se déshydratent et meurent. L’équilibre est subtil : le terreau doit pouvoir sécher presque entièrement entre deux très légers apports d’eau.
Rentrer les plantes sans inspection ni nettoyage
Rentrer un géranium directement du balcon à son lieu d’hivernage sans aucune préparation est une porte ouverte aux problèmes. Les plantes peuvent être porteuses de maladies ou de parasites (pucerons, aleurodes) qui proliféreront dans l’atmosphère confinée du local d’hivernage. Il est impératif de nettoyer la plante en retirant toutes les feuilles mortes, les fleurs fanées et les tiges abîmées. Ces débris végétaux en décomposition sont des nids à champignons et à maladies.
Le choc thermique et lumineux
Passer une plante brutalement d’un extérieur ensoleillé à une cave sombre et froide constitue un stress énorme. Ce choc peut affaiblir considérablement le géranium et le rendre plus vulnérable aux maladies. Une période d’acclimatation, même courte, en le plaçant quelques jours dans un lieu intermédiaire (plus frais et moins lumineux que l’extérieur, mais plus que la cave), peut grandement améliorer ses chances de survie.
Maintenant que les pièges à éviter sont clairement identifiés, il est temps de se pencher sur les solutions concrètes et les méthodes qui ont fait leurs preuves pour un hivernage réussi.
Méthodes de stockage optimales pour préserver les géraniums
Pour assurer la survie de vos pélargoniums, il faut leur offrir des conditions d’hivernage qui respectent leurs besoins fondamentaux. Le choix du lieu et de la méthode de stockage est donc primordial.
Le choix du lieu idéal : la règle du « frais et lumineux »
L’endroit parfait pour hiverner un géranium doit être hors gel, frais et lumineux. La température idéale se situe entre 5°C et 10°C. Cette fraîcheur favorise le repos végétatif, tandis que la lumière permet à la plante de survivre. Plusieurs options sont possibles :
- Une véranda non chauffée
- Un garage avec une fenêtre
- Une serre froide bien isolée
- Une cage d’escalier lumineuse et peu chauffée
L’important est d’éviter à la fois le gel et la chaleur d’une pièce de vie, qui empêcherait la plante d’entrer en repos.
Comparaison des conditions de stockage
Le tableau ci-dessous résume les conditions et les risques associés aux différents lieux de stockage potentiels.
| Lieu de stockage | Température moyenne | Luminosité | Risque principal | Taux de réussite estimé |
|---|---|---|---|---|
| Cave humide et sombre | 8-12°C | Nulle | Pourriture, maladies | Très faible ( |
| Garage avec fenêtre | 5-10°C | Faible à moyenne | Gel près des ouvertures | Élevé (70-80%) |
| Véranda non chauffée | 5-15°C | Élevée | Attaques de parasites | Très élevé (80-95%) |
| Pièce de vie chauffée | 19-22°C | Moyenne | Épuisement, pas de repos | Faible (20-30%) |
La technique alternative du stockage à racines nues
Pour ceux qui manquent de place, une autre méthode consiste à conserver les géraniums à racines nues. Après avoir sorti la plante de son pot, secouez délicatement la terre pour dégager les racines. Taillez sévèrement les tiges et les racines, puis suspendez les plants la tête en bas dans un local frais et sombre (un garage sec convient mieux qu’une cave humide). Une autre variante consiste à les envelopper individuellement dans du papier journal et à les placer dans une caisse. Cette technique force une dormance plus profonde mais requiert une surveillance pour que les tiges ne se dessèchent pas complètement.
Un stockage réussi dépend aussi grandement de l’état de la plante avant même qu’elle ne soit rentrée. Une bonne préparation en amont est donc une étape clé du processus.
Préparation des géraniums avant l’hivernage
Avant de déplacer vos pélargoniums vers leur quartier d’hiver, quelques gestes simples mais essentiels permettent d’augmenter considérablement leurs chances de survie et de faciliter leur reprise au printemps.
La taille de préparation : un geste nécessaire
Une taille sévère est recommandée avant l’hivernage. Il faut rabattre les tiges d’environ deux tiers de leur longueur, en coupant juste au-dessus d’un nœud (point de départ d’une feuille). Cette opération présente plusieurs avantages :
- Réduction de l’encombrement : les plantes taillées prennent beaucoup moins de place.
- Limitation de l’évaporation : moins de feuillage signifie moins de perte d’eau, ce qui est crucial durant le repos.
- Prévention des maladies : en éliminant une grande partie du feuillage, on réduit les risques de développement de champignons comme le botrytis.
- Stimulation de la croissance future : cette taille encourage la plante à produire de nouvelles pousses vigoureuses au printemps.
Le nettoyage et l’inspection sanitaire
Cette étape est cruciale pour éviter d’introduire des problèmes dans votre lieu de stockage. Examinez attentivement chaque plante. Retirez manuellement toutes les feuilles jaunes, sèches ou malades, ainsi que les dernières fleurs fanées. Inspectez le dessous des feuilles et les tiges à la recherche de parasites comme les pucerons ou les aleurodes (mouches blanches). En cas d’infestation, traitez la plante avec un savon noir dilué avant de la rentrer. Un surfaçage, qui consiste à gratter et retirer les premiers centimètres de terreau pour les remplacer par un nouveau, peut aussi aider à éliminer les œufs ou larves de parasites présents dans le sol.
Une fois les plantes propres, saines et taillées, elles sont prêtes pour l’hivernage. Le travail ne s’arrête cependant pas là, car le réveil au printemps est une autre phase délicate qui déterminera la qualité de la floraison estivale.
Conseils pour relancer la floraison des géraniums au printemps
Après plusieurs mois de repos, le réveil des géraniums doit se faire en douceur. Une sortie trop brutale ou des soins inadaptés peuvent compromettre la floraison tant attendue. La période de transition entre la fin de l’hiver et le début du printemps est décisive.
Le réveil progressif à la lumière et à l’eau
Dès la fin février ou le début mars, il est temps de commencer à réveiller vos pélargoniums. Déplacez-les de leur lieu d’hivernage vers un endroit plus lumineux et légèrement plus chaud (autour de 15°C). C’est le moment de reprendre les arrosages, mais de manière très progressive. Commencez par humidifier légèrement le terreau et augmentez la fréquence et la quantité d’eau au fur et à mesure que de nouvelles feuilles apparaissent. C’est ce signal combiné (plus de lumière, plus d’eau) qui sort la plante de sa dormance.
Le rempotage et la fertilisation pour un nouveau départ
Le printemps est le moment idéal pour offrir à vos géraniums un nouveau substrat riche en nutriments. Sortez la motte du pot, démêlez délicatement les racines et rempotez la plante dans un pot légèrement plus grand avec un terreau neuf spécial géraniums ou plantes fleuries. C’est aussi le moment de recommencer la fertilisation. Attendez que la croissance ait bien repris (apparition de plusieurs nouvelles feuilles) avant d’apporter un premier engrais liquide, puis maintenez un apport régulier toutes les deux semaines durant toute la saison de croissance.
La taille de printemps pour une floraison abondante
Une seconde taille, plus légère, peut être effectuée au moment du rempotage. Elle a pour but de façonner la plante et de stimuler la ramification. Repérez les nouvelles pousses qui se sont développées durant l’hiver. Si elles sont longues et frêles (étiolées), n’hésitez pas à les pincer ou à les tailler pour forcer la plante à produire des tiges latérales plus robustes. Une plante plus touffue produira logiquement plus de fleurs.
Ces soins attentifs permettent non seulement de sauver vos géraniums d’une année sur l’autre, mais aussi de les voir se bonifier avec le temps, devenant plus forts et plus florifères.
Prolonger la vie des géraniums saison après saison
Un hivernage réussi n’est pas seulement une question de survie, c’est une stratégie horticole qui permet de cultiver des plants plus matures et de pérenniser son patrimoine végétal. Quelques techniques avancées permettent d’aller encore plus loin.
Le bouturage : une assurance vie pour vos pélargoniums
La méthode la plus fiable pour conserver ses variétés de géraniums préférées est le bouturage. Il se pratique idéalement à la fin de l’été, en août ou septembre, sur des tiges saines et non fleuries.
- Prélevez des segments de tige de 10 à 15 cm.
- Retirez les feuilles du bas pour ne conserver que les 2 ou 3 feuilles supérieures.
- Plantez les boutures dans un terreau léger et humide.
- Conservez-les à la lumière, sans soleil direct, durant tout l’hiver.
Cette technique permet de produire de nombreux nouveaux plants, jeunes et vigoureux, qui remplaceront les pieds mères vieillissants ou qui n’auraient pas survécu à l’hiver.
La gestion du vieillissement de la plante mère
Avec les années, un pied de géranium a tendance à développer une base très ligneuse, c’est-à-dire que ses tiges se transforment en bois. Si cela le rend plus résistant, il peut aussi devenir moins florifère et moins esthétique. Un rempotage régulier tous les deux ans et une taille de rajeunissement au printemps permettent de contrôler ce phénomène. En conservant une plante mère en bonne santé et en la multipliant par bouturage, vous vous assurez d’avoir des géraniums éclatants pour de nombreuses années.
Éviter l’erreur fatale de la cave sombre et humide est la première étape vers un jardinage plus durable et économique. En appliquant ces principes de préparation, de stockage et de relance, vous transformerez l’hivernage de vos pélargoniums d’une épreuve incertaine en un succès renouvelé chaque année. Le secret réside dans la compréhension des besoins de la plante : de la lumière, un air sec et un repos au frais. Ces quelques attentions vous seront rendues au centuple par des cascades de fleurs tout au long de la belle saison.
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