Ce village de la Drôme Provençale est la capitale de l’olive noire, et octobre est le mois de la récolte 

Ce village de la Drôme Provençale est la capitale de l’olive noire, et octobre est le mois de la récolte 

Au cœur de la Drôme Provençale, un village se distingue par son microclimat si doux qu’on le surnomme la « petite Nice ». Ce village, c’est Nyons, un terroir d’exception mondialement reconnu pour un trésor noir et ridé : l’olive Tanche. Chaque année, lorsque les feuilles des arbres commencent à roussir, la région s’anime d’une effervescence particulière. Le mois d’octobre marque le début de la récolte de cette olive unique, la première en France à avoir obtenu la prestigieuse Appellation d’Origine Contrôlée. C’est l’histoire d’un fruit, d’un savoir-faire ancestral et d’un territoire façonné par l’oléiculture depuis des millénaires.

Nyons : capitale de l’olive noire AOP

La Tanche, une perle noire unique

L’olive de Nyons, de la variété Tanche, est reconnaissable entre toutes. Sa peau, finement ridée par les premières gelées de l’hiver, cache une chair généreuse et fondante. Au goût, elle révèle des arômes subtils et complexes de beurre frais et de noisette, une douceur qui la distingue des autres olives noires. Cultivée exclusivement dans la région de Nyons et des Baronnies, elle bénéficie de conditions climatiques idéales qui lui permettent d’atteindre sa pleine maturité sur l’arbre. C’est cette maturation lente qui lui confère sa couleur « bure de moine » et sa saveur si prisée des gourmets.

Une appellation d’origine protégée pionnière

La reconnaissance de la qualité exceptionnelle de l’olive de Nyons n’est pas récente. En 1994, elle est devenue la toute première olive de France à recevoir une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC), tant pour l’olive de table que pour son huile. Cette distinction a ensuite été étendue au niveau européen avec l’obtention de l’Appellation d’Origine Protégée (AOP). Ce label garantit le respect d’un cahier des charges strict, de la culture à la transformation, assurant ainsi l’authenticité et l’excellence du produit.

Chronologie de la reconnaissance de l’olive de Nyons

Année Événement marquant
1994 Obtention de l’AOC pour l’olive de table et l’huile d’olive
1997 Reconnaissance en tant qu’AOP au niveau européen

Un microclimat exceptionnel

Le terroir de Nyons est protégé des vents froids du nord par les montagnes environnantes, créant une cuvette où le soleil règne en maître. Ce microclimat, comparable à celui de la Côte d’Azur, est essentiel à la culture de l’olivier Tanche. Il permet aux olives de mûrir lentement sans subir de stress thermique excessif. L’ensoleillement généreux et les hivers modérés sont les alliés indispensables des oléiculteurs pour produire un fruit d’une qualité inégalée, ce qui justifie pleinement le surnom de « petite Nice » attribué à la région.

Ce statut de capitale, forgé par un terroir unique et une reconnaissance officielle, prend tout son sens lorsque la saison de la récolte débute, transformant le paysage et le rythme de vie du village.

Octobre : le mois de la récolte des olives à Nyons

Le coup d’envoi de la saison

Dès la fin du mois d’octobre, et parfois jusqu’en janvier, les oliveraies de Nyons s’animent. C’est le début de la récolte, un moment attendu par toute la communauté. Les producteurs s’activent pour cueillir les olives à leur stade de maturité optimal. L’ambiance est à la fois laborieuse et festive, car cette période représente l’aboutissement d’une année de travail et de soin apporté aux arbres. Les filets sont étendus au pied des oliviers, prêts à recevoir les précieux fruits.

Une cueillette manuelle et méticuleuse

La tradition est au cœur du processus de récolte à Nyons. La cueillette se fait majoritairement à la main ou à l’aide de petits peignes pour ne pas blesser le fruit. Cette méthode ancestrale, bien que plus exigeante, est cruciale pour préserver l’intégrité de l’olive Tanche. Un fruit abîmé pourrait en effet s’oxyder et altérer la qualité finale de l’huile ou de l’olive de table. Les étapes de la récolte traditionnelle sont immuables :

  • Installation des filets sous les oliviers.
  • Peignage délicat des branches pour faire tomber les olives.
  • Tri manuel pour retirer les feuilles et les branches.
  • Transport rapide des olives vers le moulin ou l’atelier de confiserie.

De l’arbre au moulin

La rapidité est un facteur clé pour garantir la fraîcheur et les qualités organoleptiques de l’olive. Une fois récoltées, les olives destinées à la production d’huile sont acheminées au moulin dans les plus brefs délais, idéalement dans les 24 heures. Ce traitement rapide empêche toute fermentation et assure une huile d’olive vierge extra, pure et fruitée, qui exprimera pleinement les arômes du terroir nyonsais.

Cette récolte, menée avec une précision quasi rituelle, est l’expression d’un héritage culturel profond, où chaque geste a son importance.

Les traditions et savoir-faire autour de l’olive

L’art de la préparation des olives de table

Pour devenir les fameuses olives noires de Nyons que l’on déguste à l’apéritif, les fruits subissent une préparation spécifique. Après la récolte, elles sont plongées dans une saumure, une simple solution d’eau et de sel. Ce processus, appelé désamérisation, dure plusieurs mois et permet d’ôter l’amertume naturelle de l’olive tout en préservant sa texture et son goût. Aucun produit chimique n’est utilisé, conformément au cahier des charges de l’AOP. C’est un savoir-faire qui demande patience et précision.

L’extraction de l’huile d’olive

Au moulin, les olives sont d’abord lavées et effeuillées avant d’être broyées avec leur noyau pour former une pâte. Cette pâte est ensuite malaxée puis pressée à froid pour en extraire le précieux liquide. L’huile est enfin séparée de l’eau par décantation ou centrifugation. Ce procédé mécanique garantit une huile d’olive vierge extra, un pur jus de fruit sans aucun additif. Le rendement est relativement faible, ce qui en fait un produit d’autant plus précieux.

Rendement moyen de l’olive Tanche

Quantité d’olives Quantité d’huile produite
5 à 7 kilogrammes 1 litre

La transmission d’un héritage

Le savoir-faire oléicole à Nyons est un héritage transmis de génération en génération. Les techniques de taille des oliviers, de récolte et de transformation sont le fruit d’une longue expérience. Des organismes comme le Syndicat de l’Olive de Nyons et des Baronnies jouent un rôle essentiel dans la préservation et la promotion de ces traditions, en accompagnant les producteurs et en veillant au respect des règles de l’AOP. C’est cette transmission qui permet de maintenir l’excellence de la production locale.

Cet attachement aux traditions se manifeste également à travers les célébrations qui rythment la vie du village, particulièrement pendant la saison oléicole.

Les fêtes locales célébrant l’olive

L’Alicoque, la fête de l’huile nouvelle

Chaque premier dimanche de février, Nyons célèbre l’Alicoque. Cet événement marque la fin de la période de récolte et la dégustation de l’huile nouvelle. La tradition veut que les mouliniers et les oléiculteurs se rassemblent sur la place publique pour partager cette première huile de l’année. Des tranches de pain aillé, appelées « crastons », sont généreusement arrosées d’huile fraîchement pressée et offertes aux visiteurs. C’est un moment de convivialité et de partage qui met à l’honneur le produit phare de la région.

Les marchés et dégustations d’automne

Dès le début de la récolte en octobre, les marchés de Nyons s’emplissent des senteurs de l’olive fraîche. Les étals proposent olives de table, tapenades et bien sûr, les premières huiles. C’est une occasion unique pour les visiteurs de rencontrer les producteurs, de déguster leurs produits et d’en apprendre davantage sur leur travail. Ces marchés sont le cœur battant de la vie locale, un lieu d’échange où la passion pour l’olive est palpable.

Ces festivités sont le reflet d’une culture profondément enracinée dans l’histoire et la géographie de ce terroir exceptionnel.

Nyons : un terroir riche entre histoire et gastronomie

Des racines romaines

L’histoire de l’olivier à Nyons remonte à plus de deux millénaires. Ce sont les Romains qui ont implanté les premiers oliviers dans la région. Des vestiges archéologiques, comme une meule à huile datant du premier siècle, témoignent de cette longue tradition oléicole. L’olivier a façonné le paysage et l’économie de Nyons à travers les âges, devenant un symbole indissociable de son identité.

Le gel de 1956, une épreuve surmontée

L’histoire de l’oliveraie nyonsaise a été marquée par une terrible épreuve : le gel dévastateur de l’hiver 1956. Les températures glaciales ont anéanti une grande partie des oliviers, menaçant de faire disparaître cette culture ancestrale. Face à cette catastrophe, les producteurs se sont unis pour créer le Syndicat de l’Olive de Nyons. Grâce à leur résilience et à leur détermination, l’oliveraie a été replantée, préservant ainsi la variété Tanche et assurant la pérennité de la filière.

Impact du gel de 1956 sur l’oliveraie

Période Nombre d’oliviers (estimation)
Avant 1956 1 000 000
Après 1956 220 000

L’olive dans la cuisine nyonsaise

L’olive Tanche et son huile sont les piliers de la gastronomie locale. Elles subliment les plats les plus simples comme les plus élaborés. On les retrouve dans de nombreuses spécialités de la Drôme Provençale :

  • La tapenade, une purée d’olives noires, de câpres et d’anchois.
  • L’agneau des Baronnies, souvent cuisiné avec des herbes de Provence et un filet d’huile d’olive.
  • Les salades estivales, simplement assaisonnées avec l’huile fruitée de Nyons.
  • La fougasse, un pain provençal parfois garni d’olives.

Ce lien intime entre un produit et sa terre invite naturellement à l’exploration, pour percer les mystères de sa fabrication.

Découvrir les secrets de l’oliveraie de Nyons

Visites guidées et sentiers thématiques

Pour s’imprégner de l’atmosphère unique de Nyons, rien de tel qu’une balade au cœur des oliveraies. Des sentiers balisés permettent de découvrir des paysages magnifiques, parsemés d’oliviers centenaires au tronc noueux. Des visites guidées sont également proposées pour comprendre les spécificités de la culture de l’olivier Tanche, de la taille à la récolte. C’est une immersion totale dans le patrimoine naturel et agricole de la région.

Les moulins ouverts au public

Plusieurs moulins à huile de Nyons et des environs ouvrent leurs portes aux visiteurs. C’est une occasion fascinante d’assister en direct au processus de transformation de l’olive en huile, surtout pendant la période de récolte. Les meules qui écrasent les fruits, l’odeur intense de l’olive fraîchement pressée et la sortie du filet d’huile dorée sont un spectacle mémorable. Les mouliniers partagent avec passion leur savoir-faire et expliquent les subtilités de leur métier.

Ateliers de dégustation

Pour parfaire la découverte, des ateliers d’initiation à la dégustation d’huile d’olive sont organisés. À la manière d’un œnologue, on y apprend à reconnaître les différentes saveurs et arômes d’une huile AOP de Nyons : le fruité, l’amertume, l’ardence (ce léger piquant en fin de bouche, signe de qualité). C’est une expérience sensorielle qui permet d’apprécier pleinement la richesse et la complexité de ce produit d’exception.

Nyons offre bien plus qu’une simple dégustation. C’est une invitation à un voyage au cœur d’un terroir où l’olive est reine. L’AOP garantit l’excellence d’un produit façonné par un microclimat unique, tandis que le mois d’octobre rythme la vie du village au son de la récolte. Les traditions séculaires, transmises avec passion, se mêlent à une histoire riche et à une gastronomie savoureuse, faisant de ce coin de la Drôme Provençale une destination incontournable pour tous les amoureux de l’authenticité et du goût.

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Sophie

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