Au cœur du massif du Beaufortain, en Savoie, se cache un paysage d’une beauté saisissante, souvent comparé aux lointaines terres islandaises. Il s’agit du lac de Roselend, une retenue d’eau artificielle perchée à 1 600 mètres d’altitude, dont les teintes turquoise laiteuses détonnent dans le décor verdoyant des alpages. Plus qu’une simple merveille visuelle, ce lieu est le fruit d’une histoire poignante où la main de l’homme a redessiné la montagne, créant un site unique qui attire aujourd’hui les amoureux de nature et de randonnée.
Le lac de Roselend : trésor turquoise des Alpes
Une couleur digne d’une carte postale
La caractéristique la plus fascinante du lac de Roselend est sans conteste la couleur de ses eaux. Cette teinte opalescente n’est pas le fruit du hasard mais le résultat d’un phénomène naturel bien précis. Elle provient de la présence de sédiments très fins en suspension, que l’on nomme poétiquement la « farine de roche ». Ces particules, arrachées à la montagne par l’érosion glaciaire, sont transportées par les torrents qui alimentent le lac. En réfléchissant la lumière du soleil, elles confèrent à l’eau cet aspect turquoise et laiteux, dont l’intensité varie au gré des heures et de la météo, offrant un spectacle sans cesse renouvelé.
Un géant de béton au cœur de la montagne
Le lac de Roselend doit son existence à un ouvrage d’ingénierie colossal : le barrage de Roselend. Construit entre 1955 et 1962, ce barrage-voûte, soutenu par des contreforts, impressionne par ses dimensions. Avec ses 150 mètres de hauteur et ses 804 mètres de longueur, il retient près de 187 millions de mètres cubes d’eau. Sa fonction première est hydroélectrique, participant à l’alimentation en énergie de la région. Il est devenu une attraction à part entière, un témoignage de l’ambition humaine face à la puissance de la nature.
Un écosystème alpin unique
Autour du lac, la vie s’est adaptée à ce nouvel environnement. Les prairies verdoyantes qui l’entourent sont des alpages où les troupeaux de vaches de races Tarine et Abondance viennent paître durant la belle saison, généralement de juin à septembre. Leur présence est essentielle à la fabrication du célèbre fromage local, le Beaufort. La faune sauvage n’est pas en reste, et il n’est pas rare d’apercevoir des marmottes sifflant à l’approche des randonneurs ou, avec plus de chance, des chamois agiles sur les crêtes environnantes. La flore alpine, riche et colorée, tapisse les abords du lac, ajoutant des touches de couleur au paysage.
Cette immersion dans la beauté brute du lac invite naturellement à l’explorer de plus près, en empruntant les sentiers qui le ceinturent et qui promettent des points de vue toujours plus spectaculaires.
Randonnée autour du lac de Roselend : conseils et itinéraires
Le tour du lac : un classique incontournable
Pour s’imprégner pleinement de l’atmosphère du lieu, la randonnée la plus emblématique est sans conteste le tour du lac de Roselend. Il s’agit d’une boucle d’environ 15,7 kilomètres, qui se parcourt en 5 à 6 heures de marche. De difficulté moyenne, l’itinéraire ne présente pas de difficultés techniques majeures mais requiert une bonne condition physique. Le sentier alterne entre des passages en forêt, des traversées d’alpages et des chemins de crête offrant des panoramas plongeants sur les eaux turquoise.
Conseils pratiques pour les randonneurs
S’aventurer en montagne, même sur un sentier balisé, demande un minimum de préparation. Avant de partir pour le tour du lac, il est essentiel de prendre en compte plusieurs éléments pour que l’expérience reste un plaisir.
- Consulter la météo : le temps peut changer très rapidement en altitude.
- S’équiper correctement : des chaussures de randonnée montantes sont recommandées, ainsi que des vêtements adaptés aux variations de température.
- Emporter de l’eau et des vivres : prévoir au moins 1,5 litre d’eau par personne et des en-cas énergétiques.
- Respecter l’environnement : ne laissez aucune trace de votre passage, restez sur les sentiers balisés et ne dérangez pas les troupeaux.
- Se protéger du soleil : même par temps couvert, la réverbération sur l’eau et l’altitude augmentent le risque de coups de soleil.
Variantes et autres sentiers
Pour ceux qui ne souhaitent pas s’engager sur la boucle complète, plusieurs alternatives existent. Une balade plus courte et familiale consiste à rejoindre la chapelle Sainte-Madeleine depuis le parking du barrage. Les randonneurs plus aguerris pourront quant à eux opter pour des itinéraires plus exigeants en prenant de la hauteur, comme l’ascension vers le Rocher du Vent ou la Pierra Menta, offrant des vues imprenables sur le lac, le massif du Mont-Blanc et l’ensemble du Beaufortain.
En parcourant ces sentiers, on ne peut s’empêcher de penser à ce qui se trouve sous la surface de l’eau, une histoire silencieuse qui donne au lieu une profondeur inattendue.
Découverte du village englouti sous les eaux
L’histoire du hameau de Roselend
Avant de devenir ce lac spectaculaire, la cuvette de Roselend était une vallée verdoyante où la vie s’écoulait au rythme des saisons. Le hameau de Roselend, avec ses chalets d’alpage typiques, était le cœur battant de cette petite communauté montagnarde. Une quinzaine d’alpages étaient exploités, où les familles vivaient de l’élevage et de la production de fromage. C’était un lieu de vie et de travail, un patrimoine façonné par des générations de paysans.
La construction du barrage et ses conséquences
Le projet hydroélectrique, lancé dans l’après-guerre pour répondre aux besoins énergétiques croissants de la France, a scellé le destin de la vallée. La décision de construire le barrage a entraîné l’expropriation des habitants et la submersion programmée du hameau. La mise en eau, achevée en 1961, a fait disparaître sous près de 100 mètres d’eau ce pan de l’histoire locale. Un sacrifice pour le progrès qui a laissé des traces profondes dans la mémoire collective du Beaufortain.
La chapelle Sainte-Madeleine : un symbole de résilience
Au milieu de cette transformation radicale, un élément du patrimoine a été sauvé de la montée des eaux. La chapelle Sainte-Madeleine, datant du 17ème siècle, a été entièrement démontée, pierre par pierre, avant d’être reconstruite à l’identique sur les nouvelles berges du lac. Aujourd’hui, elle se dresse fièrement face au barrage, veillant sur les eaux qui ont recouvert son emplacement d’origine. Elle est devenue le symbole poignant du souvenir et de l’attachement des habitants à leur histoire.
Le lac, né de cette histoire, offre désormais un terrain de jeu exceptionnel pour de nombreuses activités, permettant de profiter de ses paysages sous de nouveaux angles.
Activités nautiques et panoramas époustouflants
Naviguer sur des eaux laiteuses
L’expérience la plus immersive est sans doute de pagayer sur le lac. Les embarcations sans moteur, comme le kayak ou le stand-up paddle, sont autorisées et permettent de s’approcher au plus près des rives sauvages et d’apprécier le silence de la montagne. Glisser sur cette nappe d’eau turquoise procure une sensation unique, presque irréelle. La baignade est possible, mais il faut savoir que la température de l’eau, issue de la fonte des neiges et des glaciers, dépasse rarement les 14°C, même au cœur de l’été.
Les meilleurs points de vue pour les photographes
Le lac de Roselend est un paradis pour les amateurs de photographie. Pour capturer les plus belles images, plusieurs spots sont à privilégier. La route du Cormet de Roselend, qui serpente au-dessus du lac, offre des belvédères spectaculaires. Le point de vue depuis la chapelle Sainte-Madeleine est un classique, avec le lac en premier plan et les sommets en arrière-plan. Pour une perspective plus originale, il ne faut pas hésiter à monter sur les hauteurs environnantes au lever ou au coucher du soleil, lorsque la lumière rasante sublime les couleurs et les reliefs.
Pêche et détente au bord de l’eau
Les eaux pures du lac de Roselend abritent une belle population de poissons, notamment des truites et des ombles chevaliers, faisant le bonheur des pêcheurs. Des cartes de pêche sont nécessaires pour pratiquer cette activité. Pour ceux qui préfèrent simplement la contemplation, les berges du lac offrent de nombreux endroits paisibles pour un pique-nique ou un moment de détente, le regard perdu dans le bleu irréel de l’eau.
Profiter de ces merveilles suppose bien sûr de pouvoir y accéder. Heureusement, malgré son allure de secret bien gardé, le site reste relativement facile d’accès pour qui sait où aller.
Comment accéder facilement au lac de Roselend
En voiture par la Route des Grandes Alpes
L’accès principal au lac de Roselend se fait par la route départementale D925, qui fait partie de la célèbre Route des Grandes Alpes. Cette route de montagne, bien que sinueuse, est bien entretenue et offre des paysages à couper le souffle. Elle relie Beaufort-sur-Doron à Bourg-Saint-Maurice via le Cormet de Roselend (1 968 m). Une bonne idée est de noter que le col est fermé à la circulation durant l’hiver, généralement de fin octobre à fin mai, en raison de l’enneigement.
Accès depuis les villes voisines
Depuis Albertville, la porte d’entrée du Beaufortain, il faut compter environ 45 minutes de route pour rejoindre Beaufort-sur-Doron, puis 25 minutes supplémentaires pour atteindre le barrage de Roselend. En venant de la Tarentaise, depuis Bourg-Saint-Maurice, l’ascension par le Cormet de Roselend prend environ 45 minutes. La prudence est de mise sur ces routes de montagne, où il est fréquent de croiser des cyclistes et des motards.
Stationnement et commodités sur place
Plusieurs zones de stationnement sont aménagées pour accueillir les visiteurs. Les parkings principaux se situent au niveau du barrage et près du hameau du Plan de la Lai. Il est conseillé d’arriver tôt en haute saison estivale pour trouver une place.
| Point d’accès | Parking | Commodités |
|---|---|---|
| Barrage de Roselend | Oui, grand parking gratuit | Toilettes publiques, point d’information (saisonnier) |
| Chapelle Sainte-Madeleine | Quelques places le long de la route | Refuge-buvette du Plan de la Lai à proximité |
| Plan de la Lai | Oui, grand parking gratuit | Refuge, point de départ de nombreuses randonnées |
Le lac de Roselend n’est que la partie la plus visible d’un territoire bien plus vaste, dont la richesse et le caractère méritent d’être explorés en profondeur.
La magie du Beaufortain : un cadre naturel préservé
Une terre de traditions et de savoir-faire
Le Beaufortain est un massif qui a su préserver son authenticité. Loin de l’agitation des grandes stations, il cultive un art de vivre montagnard où les traditions sont encore bien vivantes. L’emblème de ce territoire est sans conteste le fromage Beaufort, surnommé le « prince des gruyères ». Produit à partir du lait des vaches Tarine et Abondance qui pâturent dans les alpages, il bénéficie d’une Appellation d’Origine Protégée (AOP) qui garantit son excellence et son lien indéfectible avec son terroir.
La faune et la flore du massif
Le massif du Beaufortain est un sanctuaire pour une biodiversité remarquable. En levant les yeux, on peut apercevoir le vol majestueux du gypaète barbu ou de l’aigle royal. Les forêts et les alpages abritent une faune variée : cerfs, chevreuils, chamois, marmottes et tétras-lyre. La flore n’est pas en reste, avec une multitude d’espèces protégées comme le génépi, l’edelweiss ou le sabot de Vénus, qui colorent les prairies au printemps et en été.
Les autres trésors du Beaufortain
Au-delà du lac de Roselend, le Beaufortain recèle d’autres pépites. Le lac de Saint-Guérin, avec son impressionnante passerelle himalayenne, ou le barrage de la Gittaz, plus sauvage, méritent également une visite. Les villages typiques comme Arêches-Beaufort ou Hauteluce, avec leurs chalets traditionnels et leurs églises baroques, sont des témoins charmants de l’architecture et de l’histoire locale. Chaque vallée du Beaufortain offre une nouvelle facette de cette montagne à la fois douce et sauvage.
Le lac de Roselend est bien plus qu’une simple destination de carte postale. Il est le point de convergence d’une nature grandiose, d’une histoire humaine touchante et d’un territoire authentique. La couleur irréelle de ses eaux n’est que la première invitation à découvrir les multiples facettes de ce joyau alpin, de ses sentiers de randonnée panoramiques à la mémoire du village englouti. Niché au cœur du Beaufortain, ce lac rappelle que les paysages les plus spectaculaires sont souvent ceux qui portent en eux une âme et une histoire.
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